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dimanche 23 septembre 2012

Considérations en vrac sur l'écriture

Rester concentré(e) sur un livre en cours est un défi de tous les jours.

Il y a mille et une raisons de se disperser...

Soit parce qu'on s'obsède sur un autre livre, en cours lui aussi, soit parce qu'on ne se croit pas à la hauteur de la tâche, soit parce qu'on attend l'inspiration...

L'inspiration est l'un des plus grands obstacles sur la route de l'écrivain.

Je veux dire : le mythe de l'inspiration.

Au lieu de l'attendre, je vous conseille de travailler. Soit à écrire, soit à étudier l'écriture des écrivains que vous aimez, soit à ré-écrire et améliorer ce que vous avez déjà écrit.

Les écrivains débutants croient qu'ils ne peuvent pas améliorer leur premier jet... les écrivains confirmés (ou en voie de le devenir) savent qu'on peut toujours améliorer une version, même quand c'est la vingtième.

Il y a toujours quelque chose d'améliorable.

Et quand il n'y a plus rien d'améliorable, c'est seulement signe qu'on doit progresser soi-même avant d'améliorer encore une fois son texte/livre.

Le perfectionnisme est un état d'esprit. Je pense que c'est un bon état d'esprit - à condition de garder en tête qu'on ne peut approcher de la perfection que petit à petit.

La perfection n'est donc pas un but qu'on se propose d'atteindre tout de suite, et qu'on se décourage sous prétexte qu'on ne la pas rejoint au premier coup, mais plutôt un idéal que l'on garde en tête et qui nous pousse à ré-écrire et améliorer sans cesse.

La grande différence entre l'écriture et le dessin, c'est que même lorsqu'on ré-écrit pour la centième fois une page, les mots gardent leur fraîcheur. Si vous reprenez le même dessin cent fois, la feuille en portera les traces. Elle se déchirera et le dessin sera foutu. Il y a une limite aux reprises que l'on peut faire sur le même dessin. Mais dans l'écriture, il n'y a pas de limite et rien ne se fane. Profitons-en pour ré-écrire et améliorer autant qu'il faut, aussi longtemps qu'il faut.

C'est à ce prix qu'on fait oeuvre durable.

Tout est corrigeable, améliorable, amendable. Il suffit d'en avoir la volonté et d'y passer le temps qu'il faut.

J'ai réécrit un nombre incalculable (et incalculé) de fois "Marre de la vie ?" et je n'ai pas fini.

Les dernières versions sont bien meilleures que les premières.

C'est normal, c'est logique - et l'inspiration, qui n'existe pas, n'y est pas pour grand chose. Je ne l'attend pas pour écrire. Il y a des jours plus fertiles que d'autres, c'est sûr, mais pourquoi se focaliser sur ce qu'on ne contrôle pas ?... Mieux vaut se concentrer sur la science de l'écriture.

Plus on comprend ce que l'on fait, mieux on sait le faire.

Les écrivains qui travaillent à l'instinct se cognent rapidement la tête à un plafond de verre : ils ne peuvent pas faire mieux parce qu'ils ne savent pas eux-mêmes ce qu'ils font.

Ecrire en conscience est beaucoup plus intéressant, de même qu'un ingénieur des ponts et chaussées a plus de perspectives d'avenir qu'un bricoleur du dimanche qui travaille au pifomètre.

Je ne dis pas qu'il est nécessaire de connaître les termes techniques de l'analyse littéraire (oxymore, métonymie, etc.) Ce type de jargon ne sert pas à grand chose. Mais, par contre, il est très très utile de savoir pourquoi telle phrase est réussie et telle phrase est ratée. Pourquoi tel paragraphe est captivant et tel autre est ennuyeux.

Analysez vos propres écrits, soyez attentifs à vos propres réactions.

Vous êtes votre premier lecteur et c'est avant tout à vous que vous devez plaire. Est-ce qu'il y a des passages de votre livre que vous n'aimez pas vraiment lire ? Alors il y a quelque chose à améliorer. Peut-être qu'un mot, ou une alliance de mot, plombe ce passage. Identifiez les coupables et virez-les : mieux vaut qu'ils trouvent du travail ailleurs.

Les mots sont vos employés, ou si vous préférez vos soldats. Vous êtes leur général.

S'ils sont mal placés, c'est à vous de les déplacer, éventuellement de les virer.

Parfois, on n'arrive pas à savoir ce qui cloche exactement chez eux, mais à partir du moment où on a compris qu'il y a quelque chose qui cloche, c'est suffisant pour agir.

Supprimez quand il le faut.
Déplacez quand il le faut.

Et si malgré tout le résultat reste peu satisfaisant, ajoutez de la couleur, des images, des termes positifs et du "vous" si vous écrivez un livre qui n'est pas de la fiction.

Quand on parle au lecteur, on est presque toujours dans la bonne direction.

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