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mardi 24 juin 2014

L'ingrédient principal et indispensable de tout roman captivant....

Bien sûr, c'est...

...

le suspens.

Mais qu'est-ce que le suspens, exactement ?

Cette qualité d'un roman qui fait que son lecteur ne peut le lâcher, et se couche à trois heures du matin pour le terminer.

D'après Charles Gramlich, l'auteur de Creating suspens :

"Le suspens, c'est lorsqu'on veut savoir ce qui va se passer ensuite."

Mais cette définition n'est pas complète, car parfois, on veut savoir ce qui s'est passé avant. Par exemple, qu'est-ce qui s'est passé lors de cette fameuse nuit de décembre 1983 ? ou comment le colonel moutarde est mort ? Etc.

Donc le suspens peut aussi bien porter sur le futur (qu'est-ce qui va se passer ensuite ?) que sur le passé (qu'est-ce qui s'est passé avant ? Ainsi quand Zidane a donné un coup de tête en 2006 à Marco Materazzi, tout le monde s'est demandé pendant des mois ce que Marco Materazzi lui avait dit pour déclencher une telle réaction.). Le suspens peut même passer sur le présent (Mais qu'est-ce qui se passe exactement ??? Par exemple lorsqu'une scène d'action se déroule dans le noir de sorte qu'on ne sait pas qui fait quoi, ni qui tue qui...)

Voici donc une nouvelle définition, beaucoup plus vaste, du suspens :

"Le suspens, c'est lorsqu'on veut à tout prix savoir quelque chose qui nous sera révélé dans les pages suivantes (on ne sait pas exactement lesquelles)."

La question qui se pose est donc : comment créer du suspens ?

Réponse : en fragmentant l'information ou l'action de manière à créer une forte attente. Pour créer du suspens, il s'agit donc de décomposer en deux éléments minimum quelque chose, et de donner un premier élément qui crée une forte attente, et de retarder le plus possible l'autre pièce du puzzle, celle qui permet de comprendre de quoi il s'agit.

Mais comme dit comme ça, c'est un peu abstrait, revenons au point de vue fort intéressant de Charles Gramlich.

D'après lui, le meilleur suspens surgit quand on jette un obstacle sur la route qui mène le héros à son but. Le lecteur se demande donc : "Oh, mon Dieu, comment va-t-il surmonter cet obstacle-là ???"
Et symétriquement, le meilleur suspens naît quand on enlève un obstacle sur la route qui mène le méchant à son but diabolique.

Intéressant.

Gramlich distingue un suspens "rapide", qui n'est pas lié à un personnage particulier, et un suspens "lent", qui naît de la sympathie qu'on éprouve pour un héros ou une héroïne.

Pour ma part, je préfère parler de suspens "intellectuel" (né de la curiosité) et de suspens "émotionnel" (né de l'empathie). Le suspens intellectuel nous prend au cerveau ; le suspens émotionnel nous prend aux tripes. L'idéal est de mettre les deux dans ses romans.

La recette du suspens émotionnel c'est :
1/ Un héros fort sympathique ;
2/ Un but valable ;
3/ Des souffrances, des obstacles, et de gros risques.
Si votre héros est sympathique, a un excellent but, mais ne rencontre que de petits obstacles de rien du tout, il n'y aura pas de suspens émotionnel. Si votre héros est sympa, a des souffrances, mais pas de but, il n'y aura pas beaucoup de suspens non plus. On aura pitié de ce pauvre type et c'est tout.

La recette du suspens intellectuel c'est :
1/ Quelque chose de bizarre et d'intriguant ;
2/ L'explication qui se fait attendre.

Dans la mesure où le suspens est l'état où se trouve quelqu'un qui est hanté, torturé par une question (est-ce qu'il va s'en sortir ? pourquoi y a-t-il précisément 32 colonnes dans la salle ?...), un moyen simple et efficace de créer du suspens et de faire en sorte que certains personnages se posent précisément les questions que vous voulez que votre lecteur se pose.

Par exemple, dans le film La vie rêvée de Walter Mitty, on se demande ce qu'il y a sur la fameuse photo numéro 25, celle qui a disparu, et qui est censée exprimer la "quintessence" du magazine LIFE... et on se le demande d'autant plus, que tous les personnages se le demandent (à haute voix) aussi !

Pour ajouter du suspens à votre roman, formulez très précisément les questions que vous voulez que votre lecteur se pose, et faites-les se poser à différents personnages. Ou posez-les directement à votre lecteur.

En résumé...

Il y a le suspens portant sur le passé ; le suspens portant sur le présent et le suspens portant sur le futur.
Il y a le suspens émotionnel et le suspens intellectuel. Les émotions sur lesquelles joue le suspens émotionnel sont l'espoir (que tout se termine bien pour le héros) et la crainte (qu'il échoue, qu'il meure, etc.).
Celles sur lesquelles joue le suspens intellectuel sont la curiosité et le désir de comprendre.

Et quand un roman est bien fait, toutes ces sortes de suspens se complètent et se répondent harmonieusement.

Par exemple, dans L'homme de neige (magnifique roman de George Sand), on se demande ce qu'a fait le comte de Waldomera il y a vingt ans : a-t-il assassiné son frère et sa belle-soeur, oui ou non ?
Et cette question est étroitement reliée aux questions qu'on se pose sur le futur : que va-t-il arriver à Christian ? va-t-il être l'objet de la vengeance de Waldomera, et si oui, laquelle ?
Ces questions quant au passé et au futur sont aussi liées à d'autres questions qu'on se pose, et qui relèvent plus du suspens intellectuel, comme : pourquoi la chambre de l'ours n'est pas carrée ? pourquoi la porte a-t-elle été muré ? Etc.

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